Évaluer les villes du XXIe siècle au-delà de leur PIB

Mercredi dernier, j’ai eu l’opportunité, avec d’autres éditeurs de Cities the Magazine, Global Urbanist et Urban Times, de parler avec Harry Veerhar – directeur des affaires publiques et gouvernementales chez Philips. Même si la discussion fut brève, elle fût extrêmement productive puisque Harry retournait du World Urban Forum à Naples et rapportait les plus récents développements sur les contextes urbains à travers le monde.

La discussion portait sur la façon de mesurer les villes au-delà de leur PIB. Ceci a généré un débat entre les participants ainsi que l’usage proposé d’indicateurs qui ne sont pas de nature strictement économique tels que le font depuis longtemps les académiciens, les professionnels et les autorités publiques.

L’approche est essentiellement simple : cibler un secteur ou un service qui joue un rôle important dans le développement de la ville et l’utiliser pour mesurer comment elle performe en comparaison à d’autres villes.  Dans ce cas, Harry a mentionné l’éclairage et comment il peut singulièrement influencer la qualité de vie des résidants en ville. Ainsi, la façon dont la ville a évolué depuis les cent dernières années est directement reliée à l’éclairage public et à l’accès domestique à cet l’éclairage ; nous avons discuté sur comment Amsterdam, Londres et d’autres villes européennes se sont justement développées par l’amélioration de l’accès à l’électricité et à l’éclairage.

Toutefois, de nombreux enjeux entrent en compte dans l’utilisation de tels indicateurs. Premièrement, chaque ville est unique et même s’il y a certaines similarités, c’est difficile de comparer Londres avec Brasilia ou Shanghai avec Vancouver. Ceci nous paraît évident et pourrait freiner les professionnels dans cette comparaison latérale. Mais quand l’indicateur est très spécifique, la méthodologie de recherche et d’exécution des politiques variera de ville en ville. C’est effectivement plus facile d’avoir accès à l’éclairage public ou domestique dans des villes câblées comme à Amsterdam ou à San Francisco, qu’à des endroits où le secteur informel a une plus grande présence comme à Mumbai ou à Rio de Janeiro.

Deuxièmement, il y a toujours cet enjeu entre le privé et le public et savoir qui bénéficie de tels indicateurs. Même s’il est vrai que les régions métropolitaines oeuvrent davantage dans des partenariats public/privé (PPP), et que cette tendance va continuer à l’avenir, la question qui se pose concerne le droit à la ville et si l’effet est assez inclusif pour atteindre tous les strates de la société. Si une entreprise privée se met à évaluer les conditions, est-ce par pur souci de profit ou existe-t-il un élément de durabilité dans cette action ?

Ceci étant dit, il s’agit d’une approche intéressante, et spécialement si les citoyens sont au centre de l’équation. Si les résidants font partie intégrale du processus d’évaluation, ces nouveaux indicateurs urbains seraient plus faciles et appropriés que la donnée lourde et complexe des produits intérieurs bruts (PIB). L’innovation urbaine qui mène à cette initiative est invitante et d’une certaine façon révolutionnaire dans notre façon de voir, d’approcher et d’intervenir dans les villes à travers le monde


Traduit de l’anglais par Felicia Todor.

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