Comment concevoir des quartiers locaux où il fait bon vivre vivre à Melbourne
Melbourne est une ville définie par ses banlieues. C’est le caractère distinctif de celles-ci, de Footscray à Frankston, qui permet à Melbourne de flirter régulièrement avec le sommet des classements des villes les plus agréables à vivre du monde.
Mais la qualité de vie propre aux banlieues de Melbourne a un prix. Selon la dernière étude sur le coût de la vie dans le monde, Melbourne est la cinquième ville la plus chère parmi les villes prises en compte. Il est désormais plus coûteux de vivre à Melbourne qu’à New York. Le coût croissant de la vie – et en particulier le coût du logement – risque de sérieusement remettre en cause la qualité de vie de la ville.
Plan Melbourne, la nouvelle stratégie métropolitaine de la ville, reconnaît que le coût du logement est un problème prioritaire pour les habitants de la ville. Cette stratégie propose un ensemble de concepts afin de guider le futur de la ville et de remédier aux problèmes du coût et choix du logement (ou du moins c’est ce qu’espère le gouvernement). Elle repose sur la théorie de la ville compacte, selon laquelle de nouveaux logements doivent être construits dans des zones préexistantes et connectées aux transports en commun et aux autres équipements. Il s’agit clairement de mettre l’accent sur la construction de logements dans le centre-ville et dans les zones de renouvellement urbain, limitant ainsi les nouvelles constructions dans plus de 50% des banlieues de Melbourne.
Afin de protéger les banlieues existantes, le conseil municipal a crée une série de nouvelles zones résidentielles. Le but ? Etre clair sur le type de construction autorisé dans les banlieues résidentielles. Ces nouvelles zones ont pour but de protéger le caractère distinctif de Melbourne, en prévoyant des contrôles de hauteur obligatoires ainsi que des limites quant au nombre de constructions pouvant occuper une parcelle. Selon Plan Melbourne, l’idée est de faire écho aux aspirations de tous les habitants de l’Etat de Victoria.
La volonté d’empêcher la construction de nouvelles propriétés dans les banlieues préexistantes contredit un autre concept clé de Plan Melbourne – le Quartier en 20 Minutes [20-Minute Neighbourhood]. Le concept s’inspire d’une initiative développée par la ville de Portland en Oregon. Le Quartier en 20 Minutes renvoie à l’idée de vivre local, et d’accéder aux emplois, magasins et autres nécessités dans un périmètre accessible à pieds depuis chez soi.
Beaucoup de banlieues résidentielles du centre-ville de Melbourne possèdent déjà les caractéristiques d’un Quartier en 20 Minutes. Nos quartiers résidentiels les plus appréciés sont construits sur la base d’une structure urbaine cohérente, attractive, et – ce qui est très important – adaptable.
Prahran, un quartier situé à cinq km au sud-est du quartier des affaires de Melbourne, est construit autour d’un réseau de rues en quadrillage, composé de pâtés de maison piétonnés. Ses parcelles sont de taille généreuse afin d’accueillir divers types d’habitations. Les habitations individuelles représentent environ 24% de l’offre de logements, les habitations mitoyennes 20%, et les appartements 45%. Les modalités d’accès au logement sont réparties de manière équitable, avec 55% de locataires.
Les habitants peuvent accéder facilement à divers équipements tels que parcs, magasins et écoles, à pied ou en tram.
Cette forme urbaine flexible a permis aux banlieues comme Prahran de s’adapter afin de répondre aux besoins changeants de la ville. Les grandes maisons individuelles se sont transformées en immeubles d’appartements de hauteur faible ou moyenne. Une offre diversifiée en matière de logements permet de donner aux habitants le choix quant à où et comment ils souhaitent vivre.
L’évolution des banlieues a contribué à créer une atmosphère vivante : jeunes familles jouant dans les parcs, des hipsters à moustaches circulant en skate-board dans la rue… Il existe des endroits où les jeunes professionnels peuvent acheter des fruits frais à des voisins vivant dans le quartier depuis 40 ans.
Plan Melbourne est trop centré sur les aspects physiques du caractère urbain en tant que stratégie de préservation. Un zonage résidentiel strict, avec des régulations précises quant au type d’habitations pouvant être construites, peut remettre en cause la capacité d’adaptation propre à nos banlieues.
Afin de comprendre et d’apprécier le caractère de Melbourne, il faut aller au-delà de l’environnement physique et bâti. Le caractère d’une ville dépend tout autant de ses habitants que de ses caractéristiques physiques. Les stratégies en matière de logement doivent aller au-delà des discussions sur les toitures inclinées, la hauteur des clôtures et la couleur des portes d’entrée. Un récent guide de planification urbaine pour Londres définit le caractère d’une ville comme étant:
…crée par les intersections de divers éléments, incluant les élément physiques ou bâtis composant la ville, les facteurs sociaux et économiques qui créent un sentiment d’identité, et les gens associés à la ville par l’intermédiaire de leurs souvenirs, de leurs associations et activités.
Afin de faire du concept du Quartier en 20 Minutes – préconisé par le Plan Melbourne – une réalité, il faut élargir notre compréhension de cette notion de caractère. Planifier des quartiers agréables à vivre et permettant de vivre local requiert un équilibre entre protectionisme et changement. Il s’agit de comprendre comment le caractère physique et social d’un espace peut informer le futur de celui-ci. Le changement est parfois nécessaire afin de créer les communautés vivantes et diverses que l’on souhaite pour Melbourne.